Pourquoi les projets de loi n'aboutissent jamais ?
Aux yeux
du gouvernement, la taxe sur le sac plastique n’était pas utile dans un
contexte où, depuis 2002, le nombre de sacs plastiques a été divisé
par dix, passant de 10,5 milliards à 1 milliard. L’instauration d’une
telle taxe pénalise les petits commerces de proximité qui n’ont pas de
solutions de remplacement. Il faut aussi protéger l’emploi dans les
petites et moyennes entreprises françaises spécialisées dans la
production de sacs plastiques, et leurs sous-traitants.
Evidemment,
cette absence de décision soulève la colère des organisations de
protection de l’environnement et de consommateurs. L’annulation des
projets de lois nie l’effort réalisé au quotidien par le plus grand
nombre.
Un nouvel épisode de la saga en juin 2014. Ségolène Royal,
Ministre de l’environnement, propose un amendement visant à interdire
le sac de caisse dès le 1er janvier 2016. Cette décision suit le
mouvement européen. La Commission européenne ayant proposé fin 2013 de
réduire de 80% le nombre de sacs jetables mis chaque année sur le
marché de l'UE (100 milliards en 2010).
Précision importante :
l'interdiction ne vise pas les sacs plastique épais et réutilisables,
qui pourront être fournis à titre gratuit ou non aux caisses, ni les
sacs dits biodégradables et compostables (à base d'amidon de maïs ou de
pomme de terre), qui pourront être utilisés pour les fruits et
légumes.
Si cette décision réjouit les associations de
protection de la nature, elle reste une ultime proposition qui sera
votée au Parlement à l’automne prochain. Ne nous y trompons pas, la
bataille n’est pas gagnée. La Fédération des entreprises du commerce et
de la distribution (FCD) et l'Union nationale des syndicats de
détaillants en fruits, légumes et primeurs (UNFD) ont très vite réagi.
Ils s’opposent à ce projet de loi qui, selon eux, leur coûtera 300
millions d'euros. Surcoût que les distributeurs envisagent, bien
entendu, de répercuter sur les consommateurs.
Une impression
de déjà vu ? C’est normal. En 2005, on nous a déjà annoncé la fin du
sac plastique non biodégradable pour l’année 2010. Finalement, ils sont
taxés à partir de 2014, à hauteur de 10 € par kilo, soit 6 centimes
par sac. Cette disposition interdit également les faux sacs
biodégradables, dits "fragmentables", composés de plus de 90 % de
polyéthylène et d'additifs de fragmentation. La taxe ne s'applique pas
aux sacs plastiques biodégradables, constitués d'un minimum de 40 % de
matières végétales.
Fin 2011, le député Charles de Courson (déjà
à l’origine d’une taxe votée en 2010 qui porte sur les sacs plastiques
distribués en caisse) propose de taxer les sacs plastiques des fruits
et légumes à partir de 2014. Outre la réduction des sacs en plastique à
usage unique, l’objectif est aussi d’obliger les industriels à
réfléchir au développement d’alternatives plus écologiques. En
définitif, la taxe est restée au placard, car le décret d’application
n’est jamais paru.
Régulièrement, la Fédération des
entreprises du commerce et de la distribution entend supprimer la
distribution de sacs plastiques jetables dans les trois ans. Mesure
maintes fois annoncée, presque jamais réalisée. Heureusement un
certain nombre de grandes enseignes françaises ont considérablement
réduit leur distribution de sacs.
Depuis 1996, les centres
Leclerc ne distribuent plus de sacs jetables à leurs clients. Ils leur
proposent un sac recyclable, pour 15 centimes d’euro, sac qu’ils
peuvent changer autant de fois qu’ils le désirent. Malgré cela, dans
les zones de forte concurrence, les hypermarchés Leclerc continuent de
proposer des sacs à usage unique… Mais on est tout de même passé,
chez Leclerc, d’un milliard de sacs distribués à 50 millions.
L’enseigne économise 4 000 tonnes de plastique par an. Un score que
l’entreprise n’est pas peu fière d’afficher dans ses campagnes
publicitaires.
Monoprix, Auchan et Atac distribuent des sacs certifiés NF Environnement.
Casino mise sur la livraison à domicile. Carrefour propose deux
modèles de sacs réutilisables et échangeables à vie : un sac souple et
un sac pliable qui supporte 30 kg. Champion réalise une action
similaire avec des sacs-cabas réutilisables vendus sans aucun profit
avec une quote-part reversée au WWF France. Certaines enseignes mettent
en place un système de récupération des sacs usagés à l’entrée des
magasins.
http://www.arehn.asso.fr/dossiers/sacs/
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