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vendredi 30 janvier 2015

Intervenir dans l’espace public

Pour pouvoir sortir des cercles de “gens déjà convaincus”, pour se réapproprier les espaces publics comme des espaces de rencontre et de débat en abordant directement nos concitoyens, l’éducation populaire doit aujourd’hui aussi se faire dans la rue.

“Porteurs de paroles”, débats en jardin public, aménagements festifs de dissidence aventureuse ou de contestation dissidente, nous proposons une initiation théorique et pratique à la question de l’intervention d’éducation populaire dans l’espace public : sens de l’action, cadres réglementaires, organisation, repérages et réajustements.
Dates 2015 : du 17 au 20 mars 2015
http://www.scoplepave.org/intervenir-dans-l-espace-public-59

mardi 27 janvier 2015

La question de l'athéisme (Film "Iranien" de Mehran Tamadon)

La religion apparaît souvent comme une question pour la philosophie, la rationalité s’étant construite par distinction, sinon par défiance, de la foi, tenue parfois pour strictement irrationnelle. Mais le film inverse quelque peu l’interrogation : c’est la position de l’athée minoritaire qui demande à être comprise d’un point de vue tant philosophique que religieux. Le rôle du réalisateur qui initie le débat, en suggère les principes et les applications concrètes, justifie que, pour une fois, on examine les tenants théoriques et les aboutissants pratiques de l’athéisme. Par exemple, dans le contexte de ce débat, l’athée est-il (en fait/en droit) le seul garant d’un espace de pluralité et de neutralité ? Si, dans sa position humble et son écoute attentive, le réalisateur n’apparaît nullement comme un militant défiant l’ordre religieux, sa position minoritaire (seul face à quatre croyants) ne donnant lieu à aucune forme de radicalisation du discours, il est pourtant le meilleur défenseur de la possibilité de la parole adverse, il reconnaît qu’il doit bien penser sa coexistence avec la voix majoritaire. Cette dernière est donc amenée à prendre en compte une divergence de pensée, pour ne pas dire une déviance, qu’elle jugerait par ailleurs illicite.

Tolérance et Laïcité (Film "Iranien" de Mehran Tamadon)

La tolérance est un principe dont le sens a été précisé en Occident à partir des guerres de religion quand il s’est agi de penser la coexistence pacifique des confessions du point de vue de l’État. Elle suppose que l’on considère le fait d’admettre publiquement l’expression (en pensée et en acte) d’opinions ou de croyances qu’on désapprouve. Selon Brian Leiter dans son essai récent, un principe de tolérance authentique suppose qu’un groupe dominant, désapprouvant les croyances ou actes d’un groupe minoritaire, capable éventuellement de les changer, reconnaît pourtant qu’il y a « des raisons morales ou épistémiques » de permettre à ce groupe de croire ou de faire comme il le fait 1 . Mehran Tamadon incarne la revendication de la minorité (athée) à se faire tolérer par la majorité (chiite). Il s’adresse à des mollahs qui, se projetant dans la situation de l’Occident, revendiquent eux-mêmes en permanence de voir leurs opinions et croyances respectées. Ce décalage entre minorité rappelant un principe commun de coexistence dont elle dépend et majorité faisant mine de ne pas se considérer comme telle (et accusant parfois Tamadon d’imposer son point de vue) mérite d’être souligné auprès des élèves.
De fait, le réalisateur peut être vu par ses interlocuteurs comme le parangon d’une singularité exotique (française et athée). La citation célèbre de Montesquieu dans les Lettres persanes peut être réécrite du point du vue d’un mollah : comment peut-on être français ? Les élèves seront-ils sensibles à ce décalage du regard ? Si l’on s’en tient à ses positions explicites, Mehran Tamadon pose notamment le problème du principe de la laïcité comme exception politique et culturelle : il vit en France et conçoit ce principe républicain comme la condition nécessaire d’une coexistence des croyants et des non croyants, comme fondement d’une liberté de conscience, tandis que ses interlocuteurs, forts du choix historique du peuple iranien en faveur d’une République islamique, ne peuvent concevoir la laïcité que comme un principe idéologique imposé à tous, majorant à tort les libertés individuelles et minorant, voire limitant l’expression religieuse collective. Comment dépasser alors les partis pris ? Il est difficile à l’issue du visionnage du film, de savoir si les interlocuteurs ont changé de regard sur autrui.

À la recherche de la société idéale (Film "Iranien" de Mehran Tamadon)

De Platon à John Rawls en passant par Rousseau, toute une partie de la tradition philosophique s’entend pour penser que la société réelle présente des travers ou des inégalités, et doit être mise en regard d’un idéal de société défini selon des principes politiques justes. Que ce soit la question du meilleur régime qui prime, celle du fondement de l’autorité politique (contrat social), ou celle d’une définition a priori de la société la moins injuste (voile d’ignorance), les propositions théoriques sont nombreuses.
En proposant un espace commun dans lequel discuter du « vivre ensemble », Mehran Tamadon ne se réfère explicitement à aucune théorie. Mais il laisse entendre, à travers ses références à la laïcité, à la pluralité, que ce modèle implique la coexistence des différences, un respect mutuel à définir. Le débat final qu’il propose pour penser une forme de constitution peut être rapproché, à titre distinctif, de l’hypothèse du voile d’ignorance de Rawls, en raison de cette différence majeure que nul dans le débat n’ignore sa position propre et donc ses intérêts (même si ceux-ci ne sont jamais explicités). Définir une constitution à partir de principes existants, d’une norme d’autorité ayant fait ses preuves, ou à partir de nouveaux principes définis en commun ne peut ainsi s’entendre que dans l’opposition d’une place politique dominante acquise (celle des mollahs dans la République islamique) à une position minoritaire qui demande un droit à exister dans l’espace public (Tamadon qui se positionne comme un athée, et est donc perçu a priori dans ce régime comme un infidèle dont on ne peut se faire un ami).

La Laïcité: une neutralité ou une idéologie ?

Documentariste iranien vivant en France, Mehran Tamadon ouvertement athée, est parvenu péniblement à inviter dans une propriété iranienne quatre mollahs (érudits de la République islamique, versés dans la théologie chiite et le droit qui en découle) prêts à vivre avec lui pendant 48 heures et discuter des principes d’une société idéale où leurs différences pourraient s’exprimer. La coexistence épouse le rythme de la vie quotidienne, des repas partagés aux discussions attentives qui laissent les camps émerger et préciser leurs points d’antagonisme.
De part et d’autre, la laïcité est conçue soit comme un principe de neutralité fondamentale permettant la liberté soit comme une idéologie qui tait son autorité et son entreprise de domination. Comment s’entendre alors ? L’exercice du dialogue relève ici d’une mise à l’épreuve de ce « vivre ensemble » proposé par le documentariste.

Jusqu’où puis-je dialoguer avec quelqu’un qui exclut mon existence propre ?

Jusqu’où puis-je dialoguer avec quelqu’un dont la pensée semble exclure mon existence propre ?
C’est cette question que, dans une volonté de tolérance et d’ouverture, le documentariste Mehran Tamadon se pose à propos de sa condition d’athée en Iran. Et sa réponse tient à son courage de filmer, et d’affirmer : « Je veux exister dans une société qui me nie et dire ce que je pense ? Je prends ma caméra et je trouve des gens avec qui débattre ! ». Iranien, son deuxième long métrage, poursuit ainsi un dialogue délicat avec les tenants de la République islamique entamé avec ses deux premiers films, Behesht Zahra, mères de martyrs (2004, moyen métrage) et Bassidji (2010). Après bien des refus, le réalisateur est parvenu à convaincre quatre mollahs (religieux iraniens) de partager son quotidien pendant 48 heures pour discuter, sous l’oeil de la caméra, des conditions du « vivre ensemble ».
Il réactive à sa manière non seulement la forme philosophique du dialogue convivial (du Banquet aux textes utopiques de la Renaissance), mais aussi un questionnement politique sur les principes d’une société idéale éloignée de la société iranienne réelle, cette dernière restant marquée par l’opposition irréconciliable des points de vue (l’athéisme de Tamadon contre la pensée théocratique des mollahs).
Entrant en forte résonance avec la question aristotélicienne de l’espace politique, comme lieu commun où discuter « de l’utile, du bien et du juste » (lieu symbolisé par la salle commune des repas), par opposition à l’espace privé (symbolisé par les chambres), le documentaire se présente autant comme un exercice pratique de ce « vivre ensemble », que comme une réflexion sur ses conditions de possibilité. Il permet ainsi d’articuler de manière particulièrement claire les notions de société, de politique et de religion, combinées ou séparées dans l’intitulé des programmes de philosophie des terminales de série générale. La laïcité, espace de neutralité rendant possible la pluralité des opinions (religieuses ou athées), ainsi qu’une partie de leur expression, condition du vivre ensemble, est discutée dans son principe. Un État, même démocratique, peut-il être aussi laïc et donc neutre que la suggère Tamadon, et quelles limites donne-t-il à la tolérance envers des opinions religieuses ou antireligieuses ? À travers le documentaire, on voit combien le principe de laïcité ne va pas toujours de soi, et combien la question de la tolérance varie selon qu’on se trouve dans les conditions d’une pensée dominante (la République islamique) ou d’une minorité peu visible dans l’espace public (l’athéisme). Mehran Tamadon fait le pari que le débat ouvert avec les mollahs, dans l’utopie de cette
parenthèse plus ou moins enchantée, contient une promesse de considération réciproque. Introduction, Dossier pédagogique du Film Iranien de Mehran Tamadon.

L'espace commun est neutre. Il n'est ni exclusivement à moi...

"Je ne suis pas certain que la société idéale doive être religieuse. Elle doit être laïque. L’espace commun est neutre. Il n’est ni exclusivement à moi qu’on dit athée, ni à vous qui êtes religieux, ni à un autre groupe qui aurait une autre idéologie." Mehran Tamadon, réalisateur.

Comment vivre ensemble lorsque l’appréhension du monde des uns et des autres est si opposée ? Film Iranien de Mehran Tamadon

Le réalisateur franco-iranien Mehran Tamadon, non-croyant, invite des religieux iraniens ultra-conservateurs, Mollahs, partisans de la République Islamique d'Iran, à venir habiter et discuter avec lui une maison pendant deux jours. Ensemble, ils débattent sur leurs conceptions de la vie et sur leurs visions de la société très différentes. Dans ce huis clos, les débats se mêlent à la vie quotidienne pour faire émerger sans cesse cette question : comment vivre ensemble lorsque l’appréhension du monde des uns et des autres est si opposée ? La liberté, la religion, la place de la femme sont autant de sujets de discorde qui viennent peu à peu troubler la quiétude du salon, mais toujours dans une ambiance étrangement détendue où chacun se taquine mutuellement.

Iranien résidant à Paris, Mehran Tamadon n'est pas un opposant ordinaire au régime de Téhéran. Ce documentariste invite ses adversaires au dialogue. Dans Bassidji (2009), il allait seul au-devant de militants pro-régime pour tenter de les comprendre. Cette fois, c'est aux mollahs, piliers érudits de la République islamique, qu'il propose de partager une expérience. Elle consiste à passer deux jours et une nuit sous le même toit, dans une maison non loin de la capitale iranienne. Le salon sera l'espace commun où les uns et les autres devront inventer des règles pour « vivre ensemble ».
Il aura fallu trois ans pour convaincre quatre mollahs de jouer le jeu... Une éternité, jalonnée d'interrogatoires et d'intimidations, qui en dit long sur le courage du réalisateur, lui-même exposé tout le temps, au même titre que ses interlocuteurs. Mais le résultat en vaut la peine : en déplaçant l'affron­tement sur le terrain de l'hospitalité, ce « loft story » dialectique surprend et passionne. Contre toute attente, les suppôts de l'obscurantisme sont des hommes sympathiques, souvent drôles. On ne les avait guère imaginés le visage riant, smartphones et ordi­nateurs en bandoulière — ils utilisent même un improbable logiciel de référencement des fatwas. Lors des repas, des moments de détente sur la terrasse, la chaleur des échanges évoquerait presque des vacances entre amis. Et, quand le dialogue s'instaure, il a beau être vif, il est toujours cordial... au point de faire froid dans le dos. Car, hors du cadre pacifique défini par le réalisateur, on ne peut l'oublier, ses contradicteurs ont tout pouvoir de lui nuire.

La laïcité (« C'est votre religion, et une vraie dictature ! » accuse un mollah), la place des femmes, le respect des con­victions de chacun, le pluralisme... ­Assis sur des tapis persans, l'« impie » et les croyants font assaut de raisonnements plus ou moins brillants ou fallacieux. Parfois aussi désarçonnés que le cinéaste, on s'agace du manque de repartie de notre porte-voix : le film parvient ainsi à susciter le désir chez le spectateur d'en découdre avec ces figures de l'altérité. Mais s'il ne cloue pas toujours le bec à ceux qui veulent l'empêcher de parler, Mehran Tamadon, l'athée exilé, fils de communistes sous le chah, réussit, le temps d'un film, le plus difficile : faire entendre sa différence en Iran.


"Ma caméra ne me sert pas à dénoncer mais à comprendre. Ce qui m’échappe, ce sont les arguments de ceux qui défendent un système que je considère injuste. Et c’est là que les choses deviennent troublantes, parce qu’on se rend compte qu’ils ont souvent les mêmes arguments que nous pour justifier leurs actes. C’est là qu’il y a selon moi un jeu gênant de miroir, où chacun voit l’oppresseur dans l’autre et que l’on finit par douter et ne plus être sûr de qui est l’oppresseur. (...) En m’intéressant à mon rapport à l’autre, je m’interroge sur moi-même, cela me met en mouvement."
Mehran Tamadon

Favoriser le vivre-ensemble en soutenant les Arts de la Rue

"Les Arts de le Rue se déroulent dans l'espace public: c'est par excellence le lieu de l'échange et du dialogue, de l'expression des diversités et de l'émancipation individuelle. Ils sont un maître d'oeuvre idéal pour la mixité et le croisement des publics. " (...)
Les Valeurs de la Fédération des Arts de la Rue:
"Nous défendons la liberté d'expression, de pensée, de création et de circulation dans l'espace public et ce dans le respect des droits culturels et de la dignité humaine de chaque individu.
Nous promouvons une société basée sur l'égalité culturelle, l'équité territoriale et sociale ainsi que le libre accès aux pratiques artistiques amateurs.
Nous revendiquons une fraternité portée par le lien social, la recherche de l'intérêt général et de la défense du bien commun.
Nous portons la réappropriation collective et citoyenne de l'espace public comme lieu de partage et de rencontre, selon les principes de solidarité, de mutualisation et de con-construction." www.federationartsdelarue.org

vendredi 16 janvier 2015

Un gouvernement d'union nationale ou l'espace de médiation politique: voeu n°2

Après avoir assisté à des alternances politiques systématiques à la gouvernance de leur pays, les Français en ont presque perdu leur sens politique en ne faisant plus la différence entre ces alternances. En 2015, ils sont huit sur dix à être favorables à un gouvernement d'union nationale.

Le 11 janvier L'union nationale suite: la classe politique montre l'exemple

Après les attentats de janvier 2015, la classe politique montre l'exemple en constituant un gouvernement d'unité nationale en France? voeux n°2 en 2015
https://fr.news.yahoo.com/78-fran%C3%A7ais-gouvernement-dunion-nationale-191141887.html?nc=0

Un gouvernement d'union nationale en France

78% des Français seraient favorables à un gouvernement d'union nationale, après les attentats de la semaine dernière, selon un sondage CSA pour "Le Grand Journal" de Canal+. Ce voeu 2015 est à portée de mains des citoyens qui donnent mandat à des représentants politiques. Mais est-ce que la République se révèle suffisamment démocratique. Est-ce que la classe politique sera à la hauteur de cette attente citoyenne en acceptant ce mandat ?
https://fr.news.yahoo.com/78-fran%C3%A7ais-gouvernement-dunion-nationale-191141887.html?nc=0

mardi 13 janvier 2015

Lieux de culte partagés entre juifs et musulmans: voeux n°1

L'après #11janvier: face aux agressions respectives qu'ils subissent, les Français de confession juive et de confession musulmane s'accueillent mutuellement pour la prière du vendredi pour se protéger mutuellement, en attendant des lieux de culte voire de spiritualité, républicains laïcs partagés pour accueillir juifs, musulmans, chrétiens, protestants, orthodoxes, bouddhistes, athés. Mes voeux 2015

http://www.rtl.fr/actu/societe-faits-divers/l-apres-11-janvier-la-presse-attend-un-nouveau-souffle-7776190293

samedi 10 janvier 2015

Espace public d'émancipation

#colloquecndp Emancipation du citoyen est un intérêt général à organiser par les pouvoirs publics dans leurs espaces publics. https://twitter.com/ALLOTOPIE/status/478890092392873984

#colloquecndp Le 1er garant de l'émancipation et la participation citoyenne doit être l'autorité publique https://twitter.com/ALLOTOPIE/status/478890507058561024

 l'émancipation (...) est de la responsabilité des élus, mandatés par les citoyens. https://twitter.com/ALLOTOPIE/status/478888932495867904

Le vivre-ensemble: l'étincelle des territoires

#ve2014 Le Vivre-ensemble est l'étincelle qui alimente les territoires. L'économie déviante a cessé d'assurer ce rôle. https://twitter.com/ALLOTOPIE/status/540468060264878080

L'espace public: un espace de médiation entre les 3 entités du monde commun

Les trois caractéristiques théoriques de l’espace public (médiation, communication, participation) permettent de définir les traits empiriques d’un espace public :
  1. un espace de médiation qui réunit des acteurs appartenant à des sphères différentes : société civile, système étatique et système économique.
  2. Un espace ouvert au public (sans restriction d’appartenance communautaire ou organisationnelle).
  3. Un espace où la critique peut librement s’exercer.
  4. Un espace d’échanges symboliques (de communication rationnelle, de persuasion, d’émotion, etc.) où les acteurs partageant un minimum de codes communs se saisissent des questions d’intérêt général.
  5. Un lieu physique où ces acteurs agissent, c’est-à-dire manifestent publiquement leur soutien ou leur contestation des systèmes (politiques et/ou économiques).
Par construction seuls les espaces possédant simultanément ces cinq caractéristiques sont des espaces publics empiriques. Nous appellerons ces derniers « Forum » pour laisser l’appellation « espace public » au seul concept théorique (cf. tableau N°3).

http://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=13&ved=0CCcQFjACOAo&url=http%3A%2F%2Farchivesic.ccsd.cnrs.fr%2Fdocs%2F00%2F06%2F22%2F40%2FDOC%2Fsic_00000618.doc&ei=op2xVIKIC8vzavi1goAB&usg=AFQjCNEHeqb8OAPjYvm0s584EZ2B5Mvryw&sig2=UZS6TmfA2bk5LtiVyv9Egg&bvm=bv.83339334,d.d24

Réinventer les "Espaces publics" comme symbole de la médiation

Résumé: Les espaces publics se caractérisent par leur ambivalence alors que par ailleurs ils participent d'une négociation entre le secteur public et privé, ils permettent à tout individu de se distancier par rapport à sa communauté d'origine et ils autorisent la mise en scène de la société civile.
Pour des raisons multiples et relativement complexes, le 20ème siècle a eu tendance à négliger les espaces publics.
La réinvention peut se faire à partir de trois spécificités véhiculées par les espaces publics en tant qu'imaginaire du lien social, lieu d'apprentissage de l'altérité et symbole de la médiation interculturelle.

1- Reconceptualiser les méthodes de l'aménagement urbain tout autant que les politiques culturelles pour permettre à cet espace de la médiation implicite, en raison de la présence du public anonyme, d'être vécus en tant que tels dans le quotidien et non seulement dans de simples manifestations festives, ludiques ou marchandes.
2- S'assurer que chacun de nous a les moyens d'y avoir accès, non pas en termes d'accessibilité par le biais d'une voiture ou de transports en commun, mais en termes cognitifs. D'où le rôle incontournable d'une sensibilisation aux espaces publics par l'éducation. Que de jeunes des quartiers sensibles n'osent pas s'aventurer seul hors de leur quartier de peur de se perdre et de ce fait ils n'ont plus que le choix de sortir en bande.

Développement:
Parler d'incivilité ou de violence signifie évoquer des problème sociaux. L'opinion publique (aidée en cela par les médias) a pris l'habitude de décrire et d'expliquer ces phénomènes en établissant une relation de corrélation avec l'immigration et le chômage. Elle n'a pas vraiment tort. En effet la question sociale telle qu'elle se pose aujourd'hui exige de prendre en compte de manière explicite les effets induits de la mondialisation de l'économie et de l'immigration. Les deux sont indissociables. Il faut affronter le chômage en raison de la délocalisation des entreprises vers les pays où la main d'oeuvre est moins chère et faire face à une transformation radicale de la sphère du travail exigeant des personnes de plus en plus qualifiées et aptes à la flexibilité.
Face au constat de la violence et de l'incivilité à l'égard de l'autre, notamment dans les espaces publics, certains plaident en faveur d'une médiation institutionnalisée qui s'exercerait dans différentes sphères de la société. Cette initiative s'avère intéressante mais elle exige aussi de repenser la question des espaces publics dans la ville. La médiation a ses espaces et au sein de ces espaces, une place privilégiée doit être accordée aux espaces publics comme symbole du "vivre ensemble". En effet la ville n'est pas une simple concentration spatiale d'emplois et de logements mais, tout au long de l'histoire, elle a véhiculé une valeur symbolique qu'il faut réinventer à l'heure où nous entrons dans une nouvelle civilisation.
Défendre l'hypothèse des espaces publics comme espaces symboliques de la médiation permet de reformuler la question: l'incivilité, l'incivisme ou la violence sont-ils vraiment les symptômes d'un malaise social? Ne peut-on les interpréter comme les symptômes de la dévalorisation et/ou de la négligence des multiples acteurs qui font la ville, à l'égard des espaces publics? Après avoir défini les espaces publics, la deuxième partie fait le constat de la négligence du 20ème siècle à l'égard des espaces publics et la troisième présente quelques arguments en faveur d'un réinvestissement des espaces publics dans la ville comme espaces symboliques de la médiation où la figure d'un public anonyme assume le rôle du tiers.

I- DEFINIR LES ESPACES PUBLICS DE LA VILLE
Les espaces publics se caractérisent par leur ambivalence alors que par ailleurs ils participent d'une négociation entre le secteur public et privé, ils permettent à tout individu de se distancier par rapport à sa communauté d'origine et ils autorisent la mise en scène de la société civile.
1.1- Ambivalence
Les espaces publics reflètent dans leur dimension matérielle et physique une dimension politique.
Quelle que soit la forme revêtue (rue, place, avenue, boulevard, dalle, etc.), les espaces publics sont des vides ou encore des creux situés entre des bâtiments et ce sont ces creux et ces vides qui paradoxalement caractérisent une ville et lui donnent sa certaine spécificité. Aussi parce qu'ils caractérisent la ville et en sont ses fondements, les espaces publics revêtent une dimension politique. En effet le mot ville telle que définie par les Anciens (comme le rappelle Fustel de Coulanges à la fin du 19ème siècle) renvoie à deux termes "urbs" et "civitas". Le premier fait référence à la réalité physique (densité du bâti et densité de population), le second à la réalité politique.
Dire que les Espaces Publics constituent les fondements de la ville signifie que eux aussi s'inscrivent dans le physique comme dans le politique. D'où leur ambivalence.
1.2- Une responsabilité négociée entre le secteur privé et public
Les Espaces Publics relèvent en principe des autorités publiques. Ils sont gérés par les municipalités qui décident de leur tracé, de leur forme, de leur entretien et de leur évolution.
Mais en fait la réalité est bien plus subtile: les espaces publics résultent d'une négociation permanente entre le secteur privé et le secteur public. En effet, les bâtiments qui longent ou bordent les espaces publics appartiennent au secteur privé mais ils ont au préalable reçu l'accord des autorités publiques. La municipalité octroie le permis de construire, après avoir vérifié le degré de conformité du projet par rapport au schéma d'aménagement et à ses ambitions. Il lui revient de juger de la transition entre l'espace public et le bâtiment privé ainsi que de l'aspect de ce bâtiment privé à partir des espaces publics. Les façades des bâtiments privés servent de décor aux espaces publics.
Les espaces publics résultent de cette négociation entre secteur privé et secteur public, un fait attesté par les historiens qui soulignent combien l'aménagement des places royales (y compris à Paris) exigeait un temps de discussion entre le roi et les autres pouvoirs de la ville.
1.3- Lieu de la mise en scène de la société civile
Les espaces publics peuvent être considérés comme le lieu privilégié de la mise en scène de la société civile. L'histoire de la ville suggère et met en évidence ce parallèle entre une société civile prenant conscience de son existence, de son rôle et de son pouvoir politique et l'avènement des espaces publics. Dans un premier temps les places ont certes servi à mettre en scène la statue du roi mais, très rapidement, la société civile s'est emparée de ces espaces pour les faire siens. Il en fut d'ailleurs de même pour les jardins royaux qui progressivement furent ouverts au public.
Les espaces publics mettent en situation de co-présence des individus anonymes tout en déployant les codes nécessaires au sentiment d'appartenance. Ils garantissent l'anonymat à l'individu tout en lui fournissant un registre de références pour se penser avec les autres en même temps qu'ils sont des lieux de confrontation et de négociation entre les acteurs sociaux des différentes sphères de la société civile et l'Etat. Les espaces publics deviennent ainsi un théâtre d'ajustements permanents entre normes et transgressions.
1.4- Lieu de la mise en scène des inégalités sociales
Les Espaces Publics sont offerts ou encore ouverts à tout individu quel que soit sa culture, sa religion ou encore son statut social (Max Weber). Ils sont, de ce fait, des espaces de la rencontre et de la promiscuité sociale dans un contexte d'anonymat. Mais en mettant en scène la société civile et sa diversité, les espaces publics mettent en scène les inégalités sociales tout en offrant le privilège de relier entre eux différents territoires de la ville, les riches et les pauvres. Ils deviennent des espaces communs aux différents quartiers et groupes sociaux. D'où leur caractère et leur légitimité en tant qu'espaces de médiation. Les Espaces Publics participent des luttes sociales et jouent ce rôle d'espaces de médiation symbolique entre classes sociales: on manifeste dans la rue pour faire entendre sa voix et négocier dans la sphère politique.
 
II- LE XXème SIECLE A NEGLIGE LES ESPACES PUBLICS
Pour des raisons multiples et relativement complexes, le 20ème siècle a eu tendance à négliger les espaces publics.
2.1- L'architecture moderne nie la valeur des espaces publics
Pour être caricatural, on peut rejeter la faute sur les architectes qui ont dessiné et réalisé des ensembles de logements, des quartiers, des écoles et d'autres équipements publics que les responsables actuels ont du mal à gérer. Ce serait trop facile même si par exemple de nombreux responsables d'établissements scolaires estiment le cadre dans lequel vivent leurs élèves et professeurs, difficilement gérables pour avoir omis d'intégrer cette idée forte de la mise en scène d'un collectif et d'avoir négligé les lieux de rencontre.
Les grandes théories architecturales du mouvement moderne ont, il est vrai, accordé peu d'importance à ce thème.
2.2 -Le monopole de la logique des équipements
La logique qui prévalait à l'institutionnalisation et à l'avènement des espaces publics en tant que mise en scène de la société civile a disparu au profit des politiques publiques limitées à des objectifs essentiellement fonctionnalistes. L'aménagement urbain s'est pratiquement enfermé dans une logique d'équipements
dont tous les éléments étaient prescris et fixés souvent par des administrations centrales. Il a ainsi laissé le champ libre au secteur privé qui a commencé à se lancer dans la production des espaces privés dans la deuxième moitié du 20ème siècle.
Avec la deuxième guerre mondiale, la logique d'aménagement a été en fait envahie par des préoccupations concernant le logement: il fallait régler une crise. Puis une fois que cette question n'a plus eu la priorité sur l'agenda politique, elle a laissé la place à une autre, celle des équipements sociaux et culturels dans les nouveaux quartiers d'habitat. Dans les nouveaux quartiers de logements, les espaces publics n'ont jamais été pensés.
2.3- Les espaces publics réduits à des espace de circulation ou à des espaces monopolisés par le principe de patrimonialisation
Au niveau national comme au niveau local, les espaces publics ont toutefois retenu l'attention des ingénieurs qui ont mis leurs capacités et leurs énergies à les optimiser en tant qu'espaces de la circulation des flux (et plus particulièrement la voiture). Face à cette tendance forte d'autres ingénieurs influencés par les courants en faveur de la préservation des quartiers historiques et la prise en compte de la valeur patrimoniale de la ville, ont choisi de préserver quelques espaces publics. Ces derniers le plus souvent localisés dans des quartiers anciens donc susceptibles de convenir aux touristes ont fait l'objet d'une certaine muséification. Certains espaces publics ont ainsi été transformés en zones piétonnes réservées exclusivement aux touristes et à la clientèle des commerces de luxe des quartiers centraux.
2.4- Le secteur privé, acteur privilégié de la production des espaces publics
Ce monopole de la logique d'équipement dans l'aménagement urbain associé à ce principe d'adapter la ville à la voiture a en fait entraîné le secteur privé à se lancer dans la production d'espaces publics. Ces "nouveaux espaces publics" où la voiture est bannie, sont en fait des espaces privés ouverts au public se déclinant sous la forme de parcs à thèmes, de galeries marchandes, de centres commerciaux. Ils sont des espaces agréables, bien faits, conformes aux normes de sécurité et attirent les foules en fin de semaine et en soirée.
L'intervention du secteur privé dans la production des espaces publics ne pose problème en tant que tel mais elle tend à dévaloriser les espaces publics qui souvent ne sont plus perçus que comme un service à la mobilité (au seul profit de la circulation) ou encore comme un outil stratégique de la patrimonialisation de la ville, soit en d'autres termes sa muséification.
 
III- REINVENTER LES ESPACES PUBLICS COMME SYMBOLE DE LA MEDIATION
La réinvention peut se faire à partir de trois spécificités véhiculées par les espaces publics en tant qu'imaginaire du lien social, lieu d'apprentissage de l'altérité et symbole de la médiation interculturelle.
3.1- L'espace public comme imaginaire du lien social
Tout au long de l'histoire, les villes ont été le lieu de la production des inégalités sociales et de leur mise en scène. Cette mise en scène de la diversité sociale et des inégalités a certainement contribué à faire prendre conscience aux décideurs de l'impératif de politiques de redistribution en vue de réduire ces inégalités. L'Etat fédéral aux Etats-Unis, dès la fin des années 70, a d'ailleurs rencontré de sérieuses difficultés pour légitimer sa politique sociale à l'égard des quartiers en difficulté. Ces difficultés s'expliquent en grande partie du fait que la grande majorité des électeurs qui s'étaient suburbanisés (avaient quitté la ville pour la banlieue) n'avaient plus de contact physique ou encore ne côtoyaient plus "ces gens" dans la rue et les seules images qu'ils avaient des autres étaient ceux de la presse mettant bien entendu l'accent sur la violence. Tout électeur américain a douté du bon usage des impôts à l'égard des quartiers sensibles. A partir de l'exemple des Etats-Unis, on peut se demander si tout compte fait il est encore possible d'imaginer un contrat social (politique de redistribution) s'il n'y pas plus de contact physique entre individus au sein d'un espace commun?
En privilégiant uniquement et principalement la politique de redistribution prise en charge par l'Etat comme le seul moyen pour assurer l'harmonie sociale, les villes et les acteurs de la ville ont complètement perdu de vue l'idée que les espaces publics aussi contribuaient à l'harmonie sociale en tant que matérialité d'un imaginaire commun.
3.2- Les espaces publics comme espace d'apprentissage de l'altérité
Les espaces publics ne sont pas des espaces communautaires. Ce ne sont pas des espaces où se retrouvent uniquement des gens se ressemblant ou appartenant à la même communauté --même s'ils peuvent offrir la possibilité à des gens d'une même communauté de se retrouver. Ils se caractérisent par leur capacité à éloigner l'individu de sa communauté en lui permettant de se distancier de la communauté pour apprendre à reconnaître les différences mais aussi les ressemblances avec les autres. Cette capacité d'apprentissage de l'autre, de ce qui n'est pas soi, provient de la puissance de l'anonymat que peut offrir l'espace public. C'est justement ce que distingue ou plutôt a distingué pendant des siècles la ville de la campagne, soit la possibilité pour l'individu de s'affranchir de ces liens originels pour s'identifier à une nouvelle communauté, celle de la ville. L'exemple le plus simple serait celui du mode vestimentaire: en ville on s'habille différemment qu'à la campagne. A l'heure du régime féodal, les villes avaient réussi à rompre avec cet ordre en destituant l'individu de ses liens communautaires et en suscitant une ambiance procurant un sentiment d'appartenance de l'ensemble des habitants à une entité autre. Or cette culture politique qui autorise tout individu à prendre distance par rapport à sa communauté d'origine, a également été associée aux villes et notamment à leurs espaces publics qui en sont la manifestation la plus tangible.
Les espaces publics correspondent à l'institution d'un espace non originairement commun qui doit dessiner, en l'absence d'un espace natif commun, les conditions d'une communauté possible, une communauté issue de la médiation où le "public" anonyme correspondrait en quelque sorte au "tiers" de la médiation. Les espaces publics sont les lieux par excellence de la présence simultanée de la figure de l'étranger et de celle de l'autochtone parce qu'ils maintiennent les individus dans une extérioriré les uns des autres, en même temps qu'ils sont un lien qui unit dans la séparation. Les espaces publics font tenir ensemble des éléments hétérogènes et, à ce titre, reflètent cet idéal du "vivre ensemble".
Les espaces publics lient la pluralité des individus et des communautés et font accéder les différents mondes vécus à une visibilité politique.
3.3- Les espaces publics, symbole de la médiation interculturelle
La ville a, tout au long de son histoire, véhiculé une valeur symbolique au travers de ses espaces publics. Or la ville à l'heure où elle a rendez-vous avec la mondialisation est plus que jamais perçue comme une entité pluri-ethnique ou encore pluri-culturelle et il convient d'imaginer ce que pourrait être une politique de la communication interculturelle. Aussi si la médiation s'inscrit le plus souvent à l'occasion d'un conflit interculturel, les espaces publics peuvent être envisagés comme un des lieux de communication interculturelle dans l'anonymat. Ce qui permettrait de concilier le principe des identités diférenciées, tout en préservant le respect des droits fondamentaux de l'individu, les espaces publics évitant le repli sur la communauté d'origine.
La spécificité des espaces publics provient de leur capacité à autoriser à tout individu la rencontre avec l'autre dans l'anonymat, tout en lui donnant les moyens de se distancier de sa communauté originaire et de faire l'apprentissage de l'altérité. La construction de l'identité de l'individu est indissociable de cette capacité simultanée à prendre distance par rapport à soi et aux siens pour prendre conscience de soi et de l'autre. Or une grande partie de la population (jeunes et moins jeunes) habitant dans un quartier sensible n'a pas la possibilité de faire l'expérience des espaces publics et, de ce fait, n'a pas l'opportunité de prendre distance par rapport à son quartier et ses voisins.



LES ESPACES PUBLICS, ESPACES SYMBOLIQUES DE LA MEDIATION
A l'heure où la ville a rendez-vous avec la mondialisation de l'économie et qu'elle est, de ce fait, soumise aux flux des migrations internationales et à l'heure où les technophiles annoncent le cyberespace comme l'émergence d'un nouvel espace public, la réinvention des espaces publics comme lieu privilégié de l'échange interculturel et de la reconnaissance de l'autre. Les espaces publics parce qu'ils mettent en scène le public s'affirment comme les espaces symboliques de la médiation. Mais pour qu'ils deviennent les espaces symboliques de la médiation, il faudrait que l'on se mette d'accord sur deux points:

1- Reconceptualiser les méthodes de l'aménagement urbain tout autant que les politiques culturelles pour permettre à cet espace de la médiation implicite, en raison de la présence du public anonyme, d'être vécus en tant que tels dans le quotidien et non seulement dans de simples manifestations festives, ludiques ou marchandes. 2- S'assurer que chacun de nous a les moyens d'y avoir accès, non pas en termes d'accessibilité par le biais d'une voiture ou de transports en commun, mais en termes cognitifs. D'où le rôle incontournable d'une sensibilisation aux espaces publics par l'éducation. Que de jeunes des quartiers sensibles n'osent pas s'aventurer seul hors de leur quartier de peur de se perdre et de ce fait ils n'ont plus que le choix de sortir en bande. Parce qu'ils mettent en scène la société civile, les acteurs de la ville et les pouvoirs publics, les espaces publics représentent l'espace symbolique de la médiation qu'il convient de réinventer à l'aube d'une nouvelle civilisation marquée par l'intensité de flux transnationaux de toute nature et par la prépondérance des réseaux techniques.
Cynthia Ghorra-Gobin, Directeur de recherche CNRS, enseigne à l'Institut d'Etudes Politiques (Paris) et à l'Université de Paris IV
http://www.unesco.org/most/cyghorra.htm

"Le Bonheur est dans le pré": une performance d'artiste ? non, des urinoirs

Dans le quartier de la Goutte-d'Or (XVIIIe) sont apparus de drôles de dômes gris frappés de l'inscription « Le bonheur est dans le pré »: une performance d'artiste ? Non, des urinoirs expérimentés suite à un diagnostic.

Ces vespasiennes des temps modernes offrent trois places chacune aux passants souhaitant se soulager avec cette notice explicative : « Dans le cadre de la Zone de sécurité prioritaire (ZSP) et afin de lutter contre les épanchements d'urine sur la voie publique, la Ville et la mairie du XVIIIe expérimentent l'implantation d'urinoirs. (...] A la fin de l'été, si la preuve est faite de leur utilité, ils seront remplacés par des équipements du même type mais qui seront, eux, raccordés au réseau d'évacuation. Car, dans les rues étroites et sinueuses de la Goutte-d'Or, difficile d'installer les plus classiques mais imposantes sanisettes JC Decaux.
http://www.leparisien.fr/paris-75/video-paris-la-goutte-d-or-teste-des-urinoirs-en-pleine-rue-04-05-2013-2779345.php

Recycler l'urine comme engrais pour les espaces verts

L’urine contient les trois éléments nutritifs les plus importants de la plante que les fermiers achètent et utilisent comme des engrais artificiels. Ce sont l’azote, le phosphore et le potassium – mais elle contient également tous les huit micronutriments dont les plantes ont besoin pour leur croissance".
«Les mines de phosphate s’épuisent, note le réalisateur. Or, il y en a dans notre urine, de quoi faire pousser des tomates par exemple.» Attention: l'urine est un bon engrais à condition de la diluer de 10 à 20 fois son volume d'eau pour éviter la brûlure des racines.  [...]

Matière première pour engrais à espaces verts
Phosphore, magnésium, potassium… C’est qu’il y a plein d’éléments nutritifs dans l’urine. De quoi fournir de bonnes matières à engrais. «Les mines de phosphate s’épuisent, note le réalisateur. Or, il y en a dans notre urine, de quoi faire pousser des tomates par exemple.» Mais il faudra bien recycler notre pipi, Thierry Berrod en est persuadé. «Quand on tire une chasse d’eau, l’or jaune s'en va. A l’avenir, on utilisera des toilettes, avec un gros et un petit trou, de manière à séparer les excréments de l’urine.»

Epanchements d'urine dans l'espace public: Approche globale de la problématique

Cet or jaune, pourrait être recueilli dans les parcs et jardins publics pour servir de matière première à engrais pour les jardins partagés. Attention, il ne s'agit pas d'uriner directement sur les plantes car l'urine est un bon engrais à condition de la diluer de 10 à 20 fois son volume d'eau pour éviter la brûlure des racines.  [...]

L'épanchement d'urine dans l'espace public peut être vu sous l'angle thématique de la propreté, des toilettes publiques et des sanisettes. Mais avec une approche globale, ce problème peut devenir l'argument déclencheur du développement des espaces verts. D'un côté il existe cet enjeu de salubrité publique (ou plutôt de malpropreté car uniquement visuelle et olfactive, l'urine étant stérile) et de l'autre côté, sans rapport (quoi que), une aspiration à plus d'espaces verts urbains sans parler de leur accès ou des jardins partagés. A noter que ces deux questions disjointes cependant toutes deux posées par la problématique de la densité urbaines se trouvent rassemblées par l'enjeu de santé publique. Cet or jaune, pourrait être recueilli dans les parcs et jardins publics pour servir de matière première à engrais pour les jardins partagés. Ainsi pour répondre au problème des épanchements d'urine dans les rues, il est possible de développer les parcs et jardins. Avec la même solution à un problème, on répond en plus à un autre problème. Le développement des toilettes sèches publiques dans les parcs et jardins multiplient le nombre de points d'épanchement autorisé ainsi que le nombre d'espaces verts de proximité, intègre la question du traitement des déchets organiques et sa soutenabilité, l'augmentation des jardins partagés et le déploiement de l'agriculture urbaine avec les vergers et potagers urbains. 

Sacs abandonnés dans l'espace public

Pourquoi les projets de loi n'aboutissent jamais ?
Aux yeux du gouvernement, la taxe sur le sac plastique n’était pas utile dans un contexte où, depuis 2002, le nombre de sacs plastiques a été divisé par dix, passant de 10,5 milliards à 1 milliard. L’instauration d’une telle taxe pénalise les petits commerces de proximité qui n’ont pas de solutions de remplacement. Il faut aussi protéger l’emploi dans les petites et moyennes entreprises françaises spécialisées dans la production de sacs plastiques, et leurs sous-traitants.
Evidemment, cette absence de décision soulève la colère des organisations de protection de l’environnement et de consommateurs. L’annulation des projets de lois nie l’effort réalisé au quotidien par le plus grand nombre.

Un nouvel épisode de la saga en juin 2014. Ségolène Royal, Ministre de l’environnement, propose un amendement visant à interdire le sac de caisse dès le 1er janvier 2016. Cette décision suit le mouvement européen. La Commission européenne ayant proposé fin 2013 de réduire de 80% le nombre de sacs jetables mis chaque année sur le marché de l'UE (100 milliards en 2010).

Précision importante : l'interdiction ne vise pas les sacs plastique épais et réutilisables, qui pourront être fournis à titre gratuit ou non aux caisses, ni les sacs dits biodégradables et compostables (à base d'amidon de maïs ou de pomme de terre), qui pourront être utilisés pour les fruits et légumes.

Si cette décision réjouit les associations de protection de la nature, elle reste une ultime proposition qui sera votée au Parlement à l’automne prochain. Ne nous y trompons pas, la bataille n’est pas gagnée. La Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD) et l'Union nationale des syndicats de détaillants en fruits, légumes et primeurs (UNFD) ont très vite réagi. Ils s’opposent à ce projet de loi qui, selon eux, leur coûtera 300 millions d'euros. Surcoût que les distributeurs envisagent, bien entendu, de répercuter sur les consommateurs.

Une impression de déjà vu ? C’est normal. En 2005, on nous a déjà annoncé la fin du sac plastique non biodégradable pour l’année 2010. Finalement, ils sont taxés à partir de 2014, à hauteur de 10 € par kilo, soit 6 centimes par sac. Cette disposition interdit également les faux sacs biodégradables, dits "fragmentables", composés de plus de 90 % de polyéthylène et d'additifs de fragmentation. La taxe ne s'applique pas aux sacs plastiques biodégradables, constitués d'un minimum de 40 % de matières végétales.

Fin 2011, le député Charles de Courson (déjà à l’origine d’une taxe votée en 2010 qui porte sur les sacs plastiques distribués en caisse) propose de taxer les sacs plastiques des fruits et légumes à partir de 2014. Outre la réduction des sacs en plastique à usage unique, l’objectif est aussi d’obliger les industriels à réfléchir au développement d’alternatives plus écologiques. En définitif, la taxe est restée au placard, car le décret d’application n’est jamais paru.

Régulièrement, la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution entend supprimer la distribution de sacs plastiques jetables dans les trois ans. Mesure maintes fois annoncée, presque jamais réalisée. Heureusement un certain nombre de grandes enseignes françaises ont considérablement réduit leur distribution de sacs.

Depuis 1996, les centres Leclerc ne distribuent plus de sacs jetables à leurs clients. Ils leur proposent un sac recyclable, pour 15 centimes d’euro, sac qu’ils peuvent changer autant de fois qu’ils le désirent. Malgré cela, dans les zones de forte concurrence, les hypermarchés Leclerc continuent de proposer des sacs à usage unique… Mais on est tout de même passé, chez Leclerc, d’un milliard de sacs distribués à 50 millions. L’enseigne économise 4 000 tonnes de plastique par an. Un score que l’entreprise n’est pas peu fière d’afficher dans ses campagnes publicitaires.

Monoprix, Auchan et Atac distribuent des sacs certifiés NF Environnement. Casino mise sur la livraison à domicile. Carrefour propose deux modèles de sacs réutilisables et échangeables à vie : un sac souple et un sac pliable qui supporte 30 kg. Champion réalise une action similaire avec des sacs-cabas réutilisables vendus sans aucun profit avec une quote-part reversée au WWF France. Certaines enseignes mettent en place un système de récupération des sacs usagés à l’entrée des magasins.
http://www.arehn.asso.fr/dossiers/sacs/

Emballages abandonnés dans l'espace public

McDonald's travaille depuis de nombreuses années à limiter les impacts environnementaux des déchets produits par son activité, notamment avec la Gestion des emballages abandonnés sur la voie publique en partenariat avec les collectivités et les acteurs locaux : Programme Emballages Abandonnés (PEA).*

Mutualiser et coordonner les moyens de lutte contre les emballages abandonnés sur la voie publique, travailler en collaboration pour organiser le ramassage des déchets et les actions de sensibilisation. Ce sont les objectifs du Programme Emballages Abandonnés. L’implication des restaurants aux côtés des collectivités est scellée par une convention signée entre les franchisés et les communes. Ce processus entrepris depuis 4 ans se poursuit patiemment et sûrement. Dans certains cas, le recul est suffisant pour tirer les enseignements de l’expérience, prendre en compte les évolutions du territoire et reconduire la convention sur un nouvel élan. Des réunions bilan s’organisent en ce sens entre les représentants des communes et des restaurants.  
Concrètement, un partenariat local se met d'abord en place. Un plan d'action est élaboré en commun, les actions sont engagées et la signature d'une convention vient sceller cette collaboration.

L'objectif :
› coordonner les circuits et la fréquence de ramassage entre les équipes McDonald's et celles des collectivités ;
 implanter de nouvelles poubelles «service au volant» à la sortie des parkings des restaurants pour permettre de jeter les emballages sans sortir de voiture, discuter avec les collectivités sur l'implantation et le format des poubelles publiques ;
› sensibiliser les clients en restaurant et organiser des campagnes de sensibilisation avec les collectivités.
*Au 15 septembre 2013, 377 communes ayant au moins un restaurant impliqué ont engagé un partenariat avec McDonald's dans le cadre du Programme Emballages Abandonnés et 120 conventions locales ont été signées (au 13/09/2013)

http://www.mcdonalds-donneescorporate.fr/dechets/pea-faire-vivre-les-partenariats

Suremballages abandonnés en caisse plutôt que dans l'espace public

Existant ailleurs en Europe, l’abandon des emballages superflus en sortie de caisse n’est pas une habitude française. Quelques expérimentations existent au sein de différentes enseignes (Carrefour, Auchan, Système U, Casino). Jérôme Bédier :

Un suremballage est un emballage jugé excessif car il ne remplit pas une condition ou une fonction jugée nécessaire telle que dans les procédés de fabrication, de conditionnement et de transport, la protection du produit, la sécurité des personnes ou encore l’information du consommateur.

Les dangers du suremballage
Le suremballage induit un coût économique répercuté sur le consommateur puis sur les organismes de traitement des déchets.
Cet emballage se traduit en outre par un coût environnemental : matières premières et énergie consommées pour la production et le recyclage du suremballage, pollution de l’environnement, etc.

QUELQUES CHIFFRES:
26 kg/an/hab: c’est le nombre potentiellement évitable de déchets en choisissant des produits avec moins
d'emballages.
80%:c’est le poids que peut atteindre un emballage sur le poids total d’un produit.
65%:c’est le coût que peut atteindre l’emballage sur le prix total d’un produit.

Les Mégots abandonnés dans l'espace public

Les mégots : une dangereuse pollution.
Les cigarettes sont nocives pour la santé. Elles le sont aussi pour la planète. Chaque année, 72 milliards de mégots sont disséminés dans la nature. Or, ce sont des déchets non biodégradables qui polluent les villes, la flore et la faune, en particulier le milieu marin. Différentes solutions pour réduire leur impact sur l’environnement ont été proposées, sans grands résultats. Sensibiliser les fumeurs à cette pollution semble être le meilleur moyen.

Mégots : une pollution urbaine et environnementale
Les filtres des cigarettes ont été ajoutés à celles-ci dans les années 1950 afin de réduire le taux de goudron et de nicotine dans les cigarettes. Le message de l’époque de l’industrie du tabac ? Les cigarettes avec filtre sont moins dangereuses pour la santé. Au final, cela s’est révélé totalement faux. Tout d’abord parce que les fumeurs ont changé leur façon de fumer en aspirant des bouffées plus fréquentes et plus profondes. Ensuite parce qu’il s’avère que les fibres de plastique (souvent de l’acétate de cellulose) dont sont constitués ces filtres sont dangereuses pour la santé : des fragments sont en effet inhalés et ont pu être retrouvés dans les poumons de personnes souffrant d’un cancer pulmonaire. En outre, ces filtres qui se retrouvent dans la nature constituent une grave pollution. On estime en que 845 000 tonnes de mégots terminent en détritus chaque année. Aux Etats-Unis, les mégots représentent entre 28% et 33% du total des déchets ramassés. Contrairement à ce que pensent de nombreux fumeurs qui trouvent complètement normal de jeter n’importe où leurs mégots, ces derniers ne sont pas biodégradables. Ils sont juste photodégradables et la matière première ne disparaît pas complètement : elle se dilue au contact de l’eau ou du sol. Les mégots envahissent les villes, où les jeunes enfants et les animaux domestiques peuvent les ingérer. Et la nicotine qu’ils contiennent est toxique et peut entraîner des vomissements. Les mégots terminent souvent leur vie dans les océans, du fait du parcours des égouts - ils représentent ainsi 40 % des déchets présents dans la mer Méditerranée -, polluant les eaux. En effet, ces filtres ont absorbé une partie des 4000 substances nocives présentes dans la cigarette, dont la nicotine, l’éthylphénol, des résidus de pesticides, des métaux lourds, des gaz toxiques tels que l'ammoniaque et l'acide cyanhydrique…Autant de substances qui se retrouvent dans l’eau et menacent la faune et la flore.  Une étude récente a montré qu’un seul mégot contenait suffisamment de poison pour tuer la moitié des petits poissons mis dans un litre d’eau en seulement 96 heures. De plus, les animaux marins peuvent ingérer les mégots, ce qui peut entraîner leur mort ou en tout cas provoquer un faux sentiment de satiété –les animaux ne régurgitent pas forcément ce type d’élément- et donc une sous-nutrition.

Mégots : les solutions proposées par l’industrie du tabac
Pour réduire l’impact environnemental des mégots, plusieurs solutions ont été envisagées par l’industrie du tabac, qui craignait qu’on l’oblige à terme à prendre en charge (au moins en partie) le coût du ramassage et de l’élimination des mégots. Première idée des industriels du tabac ? Créer des filtres biodégradables, en remplaçant l’acétate de cellulose par un autre composé. Les essais menés jusqu’à présent n’ont pas été concluants. En outre, ces filtres biodégradables inciteraient les fumeurs à jeter leurs mégots ! Deuxième idée des fabricants de tabac : la distribution de cendriers portables et l’installation de cendriers permanents dans les villes. En effet, pour expliquer leur comportement, les fumeurs mettent en avant le fait qu’il n’y a pas assez de cendriers en extérieur. Cela n’a pas non plus réglé le problème car jeter son mégot par terre est un réflexe pour la plupart des fumeurs. Des entreprises ont fait des essais d’installation de cendriers à l’extérieur : elles ont constaté que plus de mégots étaient jetés en dehors des cendriers que dedans ! Enfouir son mégot dans le sol reste une habitude bien ancrée…Les  industriels ont donc tenté d’éduquer les fumeurs en mettant en place des campagnes et ont soutenu des associations de nettoyage des rues. Philipp Morris s’est ainsi associé à la campagne Keep America Beautiful pour inciter les fumeurs à jeter leurs mégots dans des endroits appropriés. Le bilan ? Le message est difficile à faire passer, les fumeurs acceptant difficilement ce nouveau reproche. Les autorités tentent également de réduire cette pollution. Aux Etats Unis, des municipalités comme San Diego ont interdit de fumer sur les plages. Cela a permet de faire baisser le nombre de mégots abandonnés sur les plages mais pas de régler le problème en entier.

Mégots : comment réduire vraiment l’impact environnemental ?
Plusieurs options sont envisageables pour réduire l’impact environnemental des mégots. Première idée ? Mettre des messages sur les paquets de cigarette expliquant que les filtres sont toxiques et non biodégradables. Deuxième option : un système de consignes sur les mégots de cigarettes, identique à celui qui avait mis en place dans les années 1970 pour éviter que les bouteilles soient jetées n’importe où. Autre solution envisagée : des amendes pour les fumeurs jetant leurs mégots sur la voie publique. Celles-ci permettraient de compenser le coût de nettoyage des mégots. On pourrait aussi envisager de taxer les cigarettes comme produit polluant, au même titre que les ordinateurs et téléphones, ces taxes servant à financer le coût du recyclage de ces produits. La ville de San Francisco a déjà imposé une « taxe de détritus » de 0,20$ par paquet vendu dans la ville.  Dans le même ordre d’idées, on pourrait imaginer de faire payer aux industriels du tabac le coût de traitement –ramassage et élimination- de ces déchets. Les associations de lutte anti-tabac pourraient pour cela s’associer à des groupes de protection de l’environnement et proposer des mesures pour rendre l’industrie du tabac légalement responsable de la pollution due aux mégots. Dernière option, la plus radicale : interdire la vente de filtres de cigarette. Des études doivent être réalisées afin de savoir si cela pourrait être utile.
La meilleure solution semble quand même être la sensibilisation des fumeurs à cette pollution. Reste à trouver le bon ton pour les convaincre. Des campagnes de sensibilisation en Australie ont montré qu’en sollicitant les fumeurs sans les culpabiliser, on obtenait des résultats !
http://www.stop-tabac.ch/fra/autour-du-tabac/dechets-du-tabac.html

Epanchement d'urine dans l'espace public: actions municipales

• Comme de nombreuses capitales européennes, Paris est confrontée à ce problème d’hygiène publique que sont les épanchements d'urine sur la voie publique. Une campagne de sensibilisation sera mise en place dans 450 lieux de sortie nocturne parisiens. Les affiches, sous-bocks et cartes postales distribuées appellent à la responsabilité de chacun et précisent que tout épanchement d’urine dans l’espace public est verbalisable, et soumis à une amende de 35€.

• 66 sanisettes parisiennes seront désormais ouvertes toute l’année jusqu’à une heure du matin. Afin de faire face aux nouveaux usages de l’espace public, la Ville de Paris a étendu les horaires d’ouverture de 66 des 400 sanisettes présentes dans la capitale. Plus d’une sanisette sur quatre, situées dans les quartiers les plus animés en soirée, seront ainsi ouvertes jusqu’à une heure du matin, contre 22h auparavant. Nous ne sommes pas allés tester les sanisettes de Barbès pour connaître leurs horaires précis. Vous nous pardonnerez ?

http://actionbarbes.blogspirit.com/archive/2013/04/05/les-poubelles-de-tri-en-voie-de-normalisation-mais-l-urine-e.html

Toilettes publiques: A quand des toilettes sèches dans les parcs et jardins?

« On en utilise déjà à l'occasion des vendanges de Montmartre. Mais cela nécessite du personnel pour expliquer le fonctionnement aux usagers », estime Mao Peninou. La mairie de Paris se donne un an pour trouver les solutions les mieux adaptées et espère installer de nouvelles toilettes dès l'année 2016.

Epanchement d'urine dans l'espace public: nouvelle campagne de sensibilisation

La nouvelle campagne de la Ville : Pour un individu soulagé combien de dégoûtés ? met un coup de projecteur sur le mal, mais les campagnes de sensibilisation ne donnent pas des résultats satisfaisants. Elles coûtent cher et leur impact n'est pas mesuré régulièrement comme il serait nécessaire de le faire pour toute dépense de deniers publics. Certes, celles-ci contribuent à maintenir l'emploi dans les agences de communication qui en période de quasi récession ne peuvent plus trop compter sur les budgets publicitaires des entreprises du privé. Tout le monde se sert la ceinture !

Uriner dans la rue est interdit et sanctionné.
Soyons un peu lucides. Qui va lire cette phrase sur une affiche ? Un type plutôt alcoolisé à deux heures du matin à la sortie d'une boîte ? Un autre en pique nique nocturne près du canal Saint-Martin après avoir descendu un pack de bières ? Le sans abri qui abandonnerait son paquetage sans surveillance pour gagner la sanisette la plus proche ? Certainement pas. Alors, pour qui publie-t-on ces affiches, pour qui sont ces campagnes ?

Les hommes qui ont conscience de l'état sanitaire d'une ville n'urinent pas le long des murs. Il n'est pas nécessaire de le leur rappeler. D'autres font comme ils ont toujours fait sans mauvaises intentions mais dans une totale absence d'esprit collectif et ignorance de l'espace public. C'est le règne du moi d'abord ! "Je ne peux pas me retenir ! " Combien de fois n'avons-nous pas entendu cette phrase... avant de recevoir une flopée d'insultes si l'on insiste sur le sans-gêne de la situation. Au point qu'on hésite à interrompre l'épanchement... situation extrêmement délicate — pour une femme encore davantage — bien que la faute / le délit soit du côté du pisseur !

La mauvaise habitude commence très tôt. Nous avons tous rencontré une maman bien intentionnée à l'égard de son rejeton de sexe masculin, en train de baisser la culotte entre deux voitures, et lui dire "Allez, dépêche toi, fais pipi là !" Et pourtant, les petits garçons n'urinent pas contre les murs de la cour de récréation dans les écoles maternelles, pourquoi devrait-il en être autrement dans la rue ? Pour rattraper le coup, certains bénéficieront d'une bonne éducation, des "bons principes de comportement en société", mais les autres...

Quant à l'amende de 35 euros, il faudrait un policier derrière chaque pilier, chaque recoin, chaque angle de rues tranquilles. Les bilans réguliers de la Préfecture font état d'une augmentation du nombre des procès verbaux pour miction sur la voie publique, certes, mais nous sommes partis de tellement loin. Les pourcentages sont impressionnants mais les chiffres bruts rapportés au nombre d'habitants, au nombre des touristes, et à l'état des rues, c'est une autre affaire.

http://actionbarbes.blogspirit.com/archive/2013/04/05/les-poubelles-de-tri-en-voie-de-normalisation-mais-l-urine-e.html

Epanchements d'urine dans l'espace public: une mauvaise habitude masculine

Les sanisettes fermant à 22h ne prennent pas en compte les besoins nocturnes. Pourquoi seulement 66 sanisettes ouvrent jusqu'à 1h du matin ? pourquoi pas toute la nuit ?

Espace public de médiation ?

Réaliser le plein potentiel de l'espace public pensé par J. Habermas revisité par N. Fraser ?

La médiation met en place un cadre pour faciliter la relation entre individus ou collectifs: un véritable tiers lieu à la fois spatial et temporel.

L'espace public est de fait un tiers lieu qui sépare et relie les espaces privés des individus et collectifs. Mais l'espace public n'est pas défini si ce n'est que comme tout ce qui n'est pas privé. Plus qu'un noman's land, l'espace public a besoin d'être défini et organisé face à cette difficulté du vivre-ensemble, cette absence du vécu partagé, cette perte du commun, cette quête de sens. Que serait un espace public utilisant le cadre de la médiation ? Un espace public de médiation ? Cet espace accueillant tout individu ou collectif pourrait-il faciliter la médiation individuelle au travers du collectif et inversement?

Le lien communautaire ou religieux semble avoir été dépassé, du moins le lien subi. Le lien civil ordinaire de l'économie n'existe plus, du moins par le travail salarié à temps plein. Le lien politique est fortement mis à mal en l'absence de projet politique, du moins au travers des partis. D'autant plus que le lien affinitaire apparaît comme stérilisant les échanges. Ne serait-il pas nécessaire de réaliser le plein potentiel de l'espace public inventé par J. Habermas revisité par N. Fraser ?

Un espace public d'expression des besoins, intérêts, motivations,
Un espace public de respect et de légitimité mutuelle
Un espace public d'écoute respective
Un espace public de reconnaissance réciproque
Un espace public de dialogue et de communication non-violente
Un espace public d'émancipation et d'autonomisation individuelle
Un espace public de coopération, co-construction
Un espace public de co-création et d'initiative partagée

Repenser la sphère publique selon Nancy Fraser

Nancy Fraser remet en cause les présupposes sur lesquels J. Habermas tient à faire reposer le principe d'espace public: la conception bourgeoise et masculine comme idéal normatif à savoir: l'égalite entre les participants à la discussion; l'unicité, préférable à la fragmentation des publics ; la limitation des questions ouvertes à la discussion et la séparation entre cette sphère publique et l'Etat.

- Eliminer les inégalités sociales, et non pas de seulement la suspendre.
Les inégalités sociales corrompt la délibération, affecte les relations entre les publics qui sont soit responsabilisés ou segmentés, voire enclavés et subordonnés aux autres contre leur volonté.
- Préférer une multitude de publics à l'unicité
- Intégrer les intérêts privés et non admissibles.
La qualification de privé, limite les problèmes et la façon de les aborder. Le rôle de certaines sphères publiques prive "l'opinion publique" de force pratique.
- Permettre l'existence de publics forts et faibles et théoriser leur relation

http://documents.irevues.inist.fr/bitstream/handle/2042/14548/HERMES_2001_31_93.pdf?sequence=1